Ça sent l’eucalyptus au Théâtre le Funambule

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 Comment réagir face à un coup du sort ?

 

 Marjolaine Pottlitzer n’a pas sa pareille pour capter notre attention. Elle est lumineuse, dynamique, a de l’énergie à revendre. Elle fait participer le public, ravi d’être sollicité.

 Ses mimiques sont réjouissantes quand elle évoque les émotions qui la traversent.

 Elle a un beau timbre de voix et une présence magnétique. On la suit dans ses aventures avec un plaisir certain et ce, même lorsqu’elle évoque l’événement difficilement prévisible qui l’a rendue handicapée.

 

 Cependant, elle tire de cette épreuve une force qui suscite l’admiration de l’auditoire. Et elle fait face coûte que coûte, croquant la vie à pleines dents. Elle a beaucoup de recul sur son handicap invisible et un humour irrésistible qui fait chavirer le cœur des spectateurs, qui ne peuvent qu’éprouver de l’empathie pour cette battante.

 Son spectacle a la vertu de donner du courage à ceux qui l’écoutent. C’est une comédienne extrêmement douée qui nous emporte dans son voyage unique, sidérant, où on apprend comment elle s’est reconstruite.

 Elle interprète une galerie de personnages avec une aisance déconcertante. Tous sont hauts en couleurs, et elle montre l’étendue de son talent. Ce n’est jamais gratuit : tout est au service du texte, dont elle est l’auteur. Un texte pein de facéties qui raconte son histoire et qui accroche le spectateur de la première à la dernière seconde.

 C’est frais, enlevé, Marjolaine Pottlitzer a une belle voix chantée et les chansons qu’elle fredonne s’insèrent parfaitement dans le discours. On est ravi d’être si près de la comédienne pour contempler ses expressions quand elle interprète ses interlocuteurs, comme le responsable du camping en Corse, où un arbre s’est abattu sur elle, ou encore sa grand-mère qui la console.

 Le propos est philosophique. Comment réagir face à un handicap, à la maladie ? Révoltée, Marjolaine Pottlitzer choisit de résister, de montrer qu’elle existe, pour paraphraser Michel Berger. On sent qu’elle pourrait déplacer des montagnes tant elle a de ressources. On est impressionné par cette force de caractère qui lui permet aujourd’hii d’être une artiste accomplie et de porter haut la parole des personnes dont le handicap passe inaperçu.

 Car si elle souffre dans son corps de façon chronique, cela ne se voit pas. On apprend que le handicap invisible concerne quatre personnes handicapées sur cinq. D’autres faits établis sont distillés habilement dans ce seule en scène particulièrement instructif et cela contribue indéniablement à la réussite de cette pièce.

 Un seule en scène marquant, vivant, réjouissant, percutant. Marjolaine Pottlitzer est tellement attachante qu’on regrette de ne pas la connaître davantage. Au sortir du spectacle, cette impression se confirme. J’ai eu un grand coup de cœur pour ce spectacle magnifique où la mise en scène, signée Éric Desport, éblouit. 

Publié le 25 avril 2025

Au Théâtre le Funambule, tous les mercredis.

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