- Auteurs : Ernest Renan, Georges Clemenceau et Christophe David
- Avec : Isabelle Mentré et Christophe David
- Mise en scène et adaptation : Christophe David
Élévation
La mise en scène de Christophe David est d’une sobriété exemplaire. Les informations précieuses qu’il donne pour situer la Prière sur l’Acropole d’Ernest Renan et la préface du Grand Pan de Georges Clemenceau montrent à quel point il maîtrise son sujet : il sait intéresser son auditoire à la civilisation grecque en mutipliant les références, sans jamais nous perdre.
Sa passion est communicative. On boit ses paroles et on est heureux de découvrir le culte que vouaient les auteurs susmentionnés à la Grèce après avoir mis le pied dans ce pays. Leur révélation dans leur quête de vérité est absolument fascinante.
Christophe David convoque les figures de Sigmund Freud et de Romain Rolland, qui ont été séduites par la civilisation grecque. Freud, comme Renan, a renié sa religion afin de s’approcher un peu plus de ce qu’il considérait comme un absolu.
L’évocation d’un texte de Romain Rolland m’a d’ailleurs fait penser à sa réflexion sur la vérité, une réflexion qui me guide au quotidien : 《Il faut aimer la vérité plus que soi-même mais son prochain plus que la vérité.》
J’ai découvert grâce à Isabelle Mentré l’immense écrivain qu’est Ernest Renan, savant révéré : sa lecture de la Prière sur l’Acropole m’a impressionné.
J’étais sous le charme du style, de l’esprit, de la diseuse. Le souffle magnifique du texte était présent dans sa performance hors du commun. On eût dit que le texte avait été écrit pour elle tant le phrasé de la comédienne nous donnait à entendre le déroulement de la pensée d’Ernest Renan. L’auditoire était subjugué.
La lecture du texte de Clemenceau était remarquable également mais son style ne pouvait rivaliser avec celui de Renan. La fin de sa préface était pourtant particulièrement frappante, annonçant la fin de la merveilleuse civilisation grecque.
Les deux artistes ont été acclamés par un public de connaisseurs. Le fait d’écouter cette conférence spectacle dans la salle à manger de Georges Clemenceau ajoutait à la magie de l’évocation. La salle était comble.
Un moment intense qui donne envie de revoir ces merveilleux conteurs érudits.
David Season, Les Chroniques d’Alceste
Publié le 3 décembre 2025.
Au Musée Clemenceau.