
Auteur : Nadège Perrier
Mise en scène : Tony Harrison
Avec : Tony Harrison et Guy Vouillot
Création lumière : Dan Imbert
Musique flûte traversière : Claire
Assistant mise en scène : Arnaud Metayer
Chorégraphe : Olivier Benard
Décor et scénographie : William Jean-Baptiste et Blanca Borell
Costume : Harry Elie
Arkenciel compagnie et Rêve Éclair
La lutte pour la liberté
Tony Harrison est flamboyant. On voit Toussaint Louverture dans toute sa splendeur. Il en impose. Quel panache ! Quelle éloquence ! Quelle mise en scène admirable !
Un hymne pour l’égalité et surtout la liberté.
C’est la pièce la plus marquante qu’il m’ait été donnée de voir depuis que je couvre le festival d’Avignon. Le texte de Nadège Perrier est exceptionnel et a une portée universelle : j’ai rarement entendu d’aussi beaux dialogues écrits par un contemporain. L’exigence de l’auteur n’a d’égale que sa modestie. Cette pièce est un trésor dont s’emparent avec bonheur les deux comédiens magnifiques que sont Tony Harrison et Guy Vouillot. La mise en scène force l’admiration. On est dans la geôle du Spartacus noir, on éprouve beaucoup d’empathie pour ce personnage de général français qui a tellement fait pour l’abolition de l’esclavage et pour la prospérité de la France.
À chaque seconde, on est suspendu aux lèvres des comédiens grâce à une attention au détail : on vit les scènes comme si on y était. N’ayons pas peur des mots, ce spectacle est grandiose.
On apprend ou on redécouvre l’histoire de Toussaint Louverture et on éprouve un immense respect pour ce fin stratège, ce gouverneur éclairé qui a su libérer les Noirs de Saint-Domingue de leur servitude.
Le général Toussaint Louverture est injustement emprisonné par Bonaparte en 1803 dans un fort où on lui fait sentir qu’il doit plier sans rechigner devant l’arbitraire. On ne lui épargne pas les vexations. À travers le sort réservé à cette grande figure, c’est le pouvoir absolu qui est dénoncé car beaucoup de dérives, d’injustices en découlent. Tous les innocents qu’on humilie parce qu’ils sont moins forts que leurs bourreaux se reconnaîtront : l’abjection n’a de limite que le bon plaisir du chef.
Guy Vouillot incarne le geôlier, qui tisse une relation amicale avec le général déchu car il est convaincu de l’iniquité dont est victime Toussaint Louverture. La composition de ce comédien est bluffante : on est persuadé qu’il a été ce brave homme, aux petits soin pour son prisonnier, toute sa vie. Et pourtant, il incarne aussi un envoyé de Bonaparte, le général Cafarrelli avec un aplomb extraordinaire. Incarner ces deux rôles avec tant de maestria relève de la gageure. Tony Harrisson et Guy Vouillot nous captivent, ils sont au sommet de leur art. Leur palette de jeu est très étendue.
Les lumières, le son, la musique, l’attention au détail créent un climat d’une intensité incroyable. Les costumes sont magnifiques. Tout concourt au plaisir du spectateur. C’est une pièce absolument sublime, d’une profondeur impressionnante.
La salle était comble, on comprend pourquoi.
Un spectacle inoubliable.
Publié le 24 juillet 2025.
Au Théâtre des Corps Saints, à 19h00.