
- Auteur du livre : Victor Jestin
- Adaptation et mise en scène : Muriel Brunier
- Avec : Arthur Beaudoire, Marie Cazor et Antoine Boizeau
- Assistante à la mise en scène : Louise Morin
- Scénographie : Maud Guyon et Jordan Vincent
- Création lumière : Frédéric Borja
- Costumes : Agathe Vangreveninge
- Composition musicale : Mathilde Ferry
- Mixeur son : Florent Calmer
- Conception graphique : Ludovic Maitre
- Producteur : Ralph Buchter
- Chargée de diffusion et communication : Rachel Ruello
- Voix : Raphaele Bouchard, Pierre-Louis Laugérias, Sébastien Lay, Mathilde Ferry, Geoffroy Diebolt
Une plongée dans le monde de l’adolescence avec toutes ses contradictions, ses doutes, ses peurs et son côté sombre. La part d’ombre s’invite dans cet âge de tous les possibles : le protagoniste est assailli par un lapin rose doué de parole dont on se demande ce qu’il représente.
Le jeu du comédien principal, tout en nuances, séduit : ses silences habités en disent long, son mal être est palpable, on ne le quitte pas des yeux tant il a de présence. Un silence religieux se fait dans la salle et on écoute avec intérêt les répliques poétiques qui nous transportent dans un univers onirique.
La scénographie est pour beaucoup dans la magie du spectacle. On est happé dans l’univers des personnages : on est partie prenante de leur destinée comme si on était à leurs côtés.
La scène se passe pendant les vacances dans un camping des Landes où le personnage principal découvre ses premiers émois.
Le climat délicat créé par le décor, les lumières et surtout l’interprétation sans faille des trois comédiens, ravit. L’interaction entre le personnage de Léonard, campé par Arthur Beaudoire et Luce, incarnée par Marie Cazor, est d’une poésie et d’une délicatesse formidables. La chorégraphie de la danse du personnage féminin au début fait appel à l’imaginaire.
La dichotomie entre la vision de Léonard et ce qui est montré sur scène interpelle et pousse le spectateur à se faire ses propres images de la rencontre entre les deux jeunes. Le point de vue interne permet de prendre beaucoup de libertés de mise en scène.
Le lapin rose demeure longtemps mystérieux et ne se laisse pas appréhender facilement car nous sommes dans la tête de Léonard. Antoine Boizeau donne une belle épaisseur au lapin, qui ne cesse d’intriguer le spectateur.
L’univers proposé est un peu dérangeant car on sait dès le début que quelqu’un a perdu la vie et on ressent une certaine oppression à des moments clefs de la pièce. L’âge de l’adolescence n’apparaît pas aussi innnocent qu’on pourrait le croire.
La mise en scène épurée met bien en valeur les comédiens. Son aspect cinématographique prononcé, notamment grâce à la création lumière somptueuse, achève de séduire le spectateur.
Cette pièce captive à chaque instant : une belle réussite.
Publié le 7 avril 2025
À la Manufacture des Abbesses, les lundis, mardis, mercredis à 21h et les dimanches à 20h.
Jusqu’au 14 mai.