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D’autres jours viendront. L’exil et la mémoire, chronique théâtrale.

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1er acte et le théâtre EL Duende

  Une performance riche en émotions qui a le mérite de rappeler les aspirations à la liberté de tout un peuple. 

 Le caractère universel de la quête du bonheur parle à tout un chacun. Salvador Allende apparaît comme une figure charismatique incarnant la droiture et un idéal moral qui séduit les âmes progressistes, parmi lesquelles Anita Vallejo, membre active du théâtre Aleph, dont le but est de promouvoir un théâtre engagé et donc politique.

 Cinquante ans après le coup d’État d’Augusto Pinochet, Anita Vallejo continue de faire du théâtre mais dans un autre pays : la France. Elle raconte à sa fille, Andrea, sa jeunesse, ses souvenirs tandis que sa petite fille, Alma, enregistre.

 Grâce à ce témoignage précieux, mis en scène au plateau, nous avons accès aux heures joyeuses et sombres du Chili. Quatorze artistes nous embarquent dans l’aventure et on y croit, on vibre au diapason de l’interprétation théâtrale et musicale.

 La grand-mère, compositrice de talent, occupe le centre de la scène, et donne le la à son histoire, recueillie sur scène par sa petite fille, Alma, comédienne également.

 Ce dispositif ingénieux, permet de reconstituer des épisodes de la petite histoire et de la grande Histoire, « avec sa grande hache », pour reprendre l’expression de Georges Pérec. Les comédiens rejouent avec une intensité sidérante les moments marquants de la troupe du Théâtre Aleph, au Chili dans les années 1960-1970.

 La propre fille de la grand-mère contrainte à l’exil, Andrea, nous fait revivre la joie, les espoirs de la jeune génération, agrémentés de chants en espagnol, pour le plus grand bonheur de l’auditoire. La fougue de cette jeunesse est rendue avec maestria.

 Le monde semble leur appartenir. Cependant, les coups du sort les obligent au déracinement, pour les plus chanceux. Les arrestations sommaires étant monnaie courante, comme le rappelle Anita Vallejo, ce qu’elle se refusait à croire à l’époque.

 On est pris dans ce tourbillon d’événements inattendus comme les protagonistes, auxquels on s’identifie.

 La prise de parole de Salvador Allende, alors qu’il est assiégé, est un moment puissant où on sent que la liberté n’est jamais acquise et que la lutte est nécessaire. On est bouleversé par la performance du comédien.

 On est également bouleversé par la force de caractère de la matriarche et sa tendresse pour le genre humain, pour sa mère, sa fille et sa petite-fille.

 Cette pièce est une invitation à créer encore et toujours, envers et contre tout.

 Anita Vallejo est à la tête du théâtre El Duende, coopérative qui permet à l’art d’exister davantage dans notre pays depuis trente ans.

 Merci pour ce beau spectacle et pour votre contribution essentielle.

Publié le 3 décembre 2024.

Au théâtre El Duende, jusqu’au 15 décembre.

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