Maures à Venise de Carlo Boso

 Une pièce qui embarque le spectateur dans un voyage à Venise, très librement inspirée du Marchand de Venise. Beaucoup d’esprit, d’humour. Un Pedrolino en grande forme, incarné avec brio par Valerio Zaina. Une Jessica qui subjugue l’auditoire, incarnée avec espièglerie par Agathe Boudrières. Un Shylock intraitable et ridicule, interprété avec maestria par Clément Joubert. J’ai adoré la scène où Benilde, campée par Julie Mori, lui demande de faire le pingouin.

 Des jeux de mots, des anachronismes du meilleur effet. C’est prenant. On rit beaucoup tant les situations sont cocasses, avec des allusions bienvenues à l’actualité, au métier de comédien.

 La satire sociale est bien vue. Une myriade de trouvailles admirables de mise en scène.

 On est sous le charme. On ne voit pas le temps passer. La résurrection des personnages est bien amenée. Les danses, les chants, tout nous emporte. C’est du grand art. On est conquis et ravis.

 Une aventure à vivre absolument. Une belle comédie comme on en voit trop peu.

 Le jeu avec les masques réjouit l’auditoire et les ressorts comiques sont exploités de façon exquise. Clément Joubert en Shylock qui ne supporte pas d’entendre le nom de Sinbad, prétendant de Jessica, est irrésistible. Les situations les plus improbables s’enchaînent à merveille sans que le fond ne soit oublié pour autant. La forme est au service du sens et le message d’humanité résonne chez le spectateur. L’amour, les rapports maître-valet, l’argent, sont des thèmes traités avec beaucoup de clairvoyance.

 C’est frais, drôle, fin. On s’amuse de bout en bout et les comédiens sont exceptionnels. Ils m’ont impresionné. Ils arrivent à faire participer le public, qui se prête au jeu de bon cœur et qui les acclame comme les artistes le méritent. Ceux-ci vont jusqu’au bout des intentions de leur personnage. La direction d’acteur de Carlo Boso permet aux spectateurs d’être comblés par tant de virtuosité.

 Bravo, bravissimo !