
Compagnie Les Affamés.
- Auteur : Marie-Sabine Roger, adaptée par Gilles Droulez
- Mise en scène : Gilles Droulez
- Avec : Fanny Corbasson et Gilles Droulez
- Direction d'acteurs : Françoise Dasque
- Décors et création lumière : Denis Guex
Peut-on rattraper le temps perdu ?
Un homme d’âge mur nous raconte la rencontre déterminante qu’il a faite. Ses sentiments purs pour une vieille dame le révèlent à lui-même, ce qui est manifeste dans l’interprétation impeccable de Gilles Droulez. Ce comédien donne une belle épaisseur au personnage de Germain, un homme simple au cœur bon, qui a soif d’apprendre mais qu’on a cherché à rabaisser dans son enfance. La société l’a condamné au lieu de lui tendre la main, comme si être en échec scolaire était un crime inexpiable.
La vieille dame, incarnée par Fanny Corbasson, va s’intéresser à cet homme, comme personne ne l’avait fait auparavant. Il va alors se sentir aimé pour la première fois. Sa délicatesse va le changer à jamais. L’amour de cette femme pour les livres, elle le communique à Germain, qui avait en lui un désir d’apprendre auquel on n’a pas su répondre. Elle lui lit des extraits de romans et il s’en délecte. Il se découvre une véritable passion pour les livres.
Fanny Corbasson ne joue pas, elle est la vieille dame, passeuse merveilleuse. On est fasciné par sa performance d’une sobriété exemplaire. Sa façon de lire La promesse de l’aube, ce texte magnifique, est exceptionnelle. Des frissons m’ont parcouru.
Quant à Gilles Droulez, il donne à voir l’évolution de Germain, qui finit par dire ce qu’il a sur le cœur à la dame qui compte tant pour lui. La performance du comédien attendrit l’auditoire.
Il signe une mise en scène dépouillée qui permet au spectateur de se concentrer sur l’essentiel : l’importance d’une rencontre et ses implications.
L’humour est au rendez-vous, avec des situations cocasses irrésistibles, notamment lorsque Germain ne comprend pas tout ce qu’on lui dit et décide de jouer un rôle.
La lecture lui ouvre de nouvelles perspectives qu’il n’avait pas envisagées. Il n’est jamais trop tard pour s’instruire, se cultiver, se découvrir soi-même.
À l’heure de l’intelligence artificielle, il est bon de se rappeler que l’effort intellectuel est une satisfaction, que s’élever est un idéal à ne pas perdre de vue sous peine de passer à côté de sa vie.
La pièce célèbre également la fraternité, l’entraide. Chacun apporte à l’autre sans rien demander. L’amour de son prochain est une valeur que promeuvent Germain et Margueritte.
L’acceptation des différences de l’autre semble la clef d’une relation saine et humaine entre les êtres.
L’épilogue est d’une grande puissance émotionnelle.
Bravo !
Publié le 11 juillet 2025.
Au Théâtre des Corps Sains, à 13h25, les jours pairs.