À partir de 16 ans.
Tcholélé productions.
- Auteur : Tracy Letts
- Adaptation : Sophie Parel et Patrice Costa
- Mise en scène : Patrice Costa
- Collaboratrice mise en scène : Sophie Nicollas
- Scénographie : Georges Vauraz
- Distribution : Benoit SOLÈS, Rod PARADOT, Pauline LEFÈVRE, Olivier SITRUK, Carla MUYS
- Comédien guitariste : Neil Chablaoui
- Chorégraphies : Sophie Mayer
- Costumes : Mélisande de Serres
- Lumières : Denis Koransky
- Musiques : Yann Coste
Un monde sans pitié… et sans morale ?
Tout est proche de la perfection. On a l’impression de vivre le quotidien des habitants d’un coin paumé de l’Amérique, où la loi de la jungle semble de mise et où la morale occupe une place négligeable.
Le protagoniste, interprété avec un naturel déconcertant par Rod Paradot, est prêt à tout pour rembourser des dealers.
Tous les personnages qui gravitent autour de lui ont une belle épaisseur psychologique, à commencer par Killer Joe himself, impressionnant Benoît Solès. La performance de ce comédien est exceptionnelle : son jeu subtil, tout en nuances, fait frémir l’auditoire. Il contribue à instaurer un climat glauque, pesant et on sent une belle intensité dans son regard.
L’intensité est d’ailleurs présente aux moments clefs et on est pris par la performance homogène époustouflante des six comédiens, dont l’un joue de la guitare électrique en direct. La tension est palpable et la prestation du comédien musicien y est pour beaucoup.
Carla Muys en Ophelia moderne a une présence émouvante. Sa composition séduit et elle passe d’un état à l’autre avec maestria. Elle a d’autant plus de mérite que son personnage est toujours sur le fil et elle éblouit le spectateur dans ce rôle à sa mesure.
Quant à Olivier Sitruk, il donne vie à Ansel, père dépassé du protagoniste. Il excelle dans ce rôle. Ses expressions en disent long sur le personnage qu’il interprète. Il prête à rire et n’est jamais dans l’excès, ce qui est loin d’être évident.
Sharla, sa femme, est incarnée par Pauline Lefèvre qui donne un caractère insaisissable bienvenu à son personnage. Elle est impressionnante de justesse.
Les costumes sont particulièrement réussis. Les lumières participent à l’atmosphère inquiétante.
En définitive, c’est une pièce sublime mise en scène de main de maître par Patrice Costa.
Encore un mot sur les décors qui donnent un cachet certain à l’ensemble. C’est du très beau travail. C’est presque un personnage à part entière. C’est le décor le plus abouti et le plus ingénieux que j’aie vu.
C’est un magnifique travail d’équipe qui fait plaisir à voir.
Si vous avez aimé Un plan simple de Sam Raimi ou encore Dogville de Lars Von Trier, vous serez certainement sensible à ce spectacle exigeant.
David SEASON
Publié le 13 octobre 2025.
Au Théâtre de l’Œuvre tous les jeudis, vendredis, samedis et dimanches.