
- Auteur : Christopher Hampton, adapté par Didier Long
- Mise en scène : Nora Giret
- Avec : Thibault Truffert, Nora Giret, Arnaud Mattlinger, Swan Starosta et Baptiste Deschamps
- Création lumière : Aloïs Genestier
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la sexualité.
La pièce de Christopher Hampton est d’une grande profondeur. Il s’agit d’un travail documenté sur la psychanalyse ou thérapie par la parole, qui révolutionne le domaine médical.
On y croit de la première à la dernière seconde. La relation entre Carl Gustav Jung et Sabina Spielrein fonctionne à la perfection. Le célèbre psychanalyste est campé avec une justesse sidérante par Thibault Truffert, qui rend bien la complexité de cet homme tiraillé entre sa raison et son désir. Ses désaccords, pas toujours assumés avec Sigmund Freud, sont rendus avec finesse. Ce rôle de composition lui va à merveille.
Cependant, la grande révélation de la pièce est Nora Giret qui incarne de façon magistrale Sabina Spielrein, figure méconnue de la psychanalyse, à l’origine du concept de pulsion de mort. Jugée trop intelligente et difficile à gérer, elle est soignée par Carl Gustav Jung, qui met en pratique les théories de Sigmund Freud concernant la parole.
Nora Giret montre une palette de jeu exceptionnelle et on a l’impression de voir une névrosée très atteinte devant nous. Ses silences sont lourds de sens. Son regard magnétique fascine. On sent son trouble, sa détresse mais aussi sa force de caractère. Toutes ses contradictions sont rendues avec une émotion d’une rare intensité. Les spectateurs sont subjugués par tant de virtuosité. La pièce vaut le déplacement rien que pour contempler la performance de Nora Giret, qui met également en scène le spectacle.
Le reste de la distribution est d’un très haut niveau. Arnaud Mattlinger campe avec brio Sigmund Freud sur la fin de sa vie et lui donne une belle épaisseur. L’épicurien cocaïnomane Otto Gross est incarné de belle façon par Baptiste Deschamps. Quant à Swann Starosta, elle est d’un naturel désarmant de l’épouse de Carl Gustav Jung.
Les réflexions philosophiques abondent et l’intellect du spectateur est sollicité, comme ses désirs les plus enfouis. Il est beaucoup question de sexualité et de l’opposition entre la science et le mysticisme.
Les lumières rendent justice à la qualité prodigieuse de cette mise en scène. Différents climats sont instaurés avec la création lumière inspirée d’Aloïs Genestier.
Sur le plan historique, la représentation permet d’en savoir davantage sur les relations entre les femmes et les hommes à cette époque et entre trois grandes figures de la psychanalyse.
C’est jusqu’à présent le spectacle le plus abouti que j’ai vu à Avignon, cette année. C’est absolument fabuleux !
Publié le 9 juillet 2025
À l’Atypik théâtre, à 11h25.