- De : Joseph Gallet et Élodie Wallace Mise en scène : Anne Bouvier Assistant à la mise en scène : Martin Deldon Avec (en alternance) : Jean Fornerod, Joseph Gallet, Mathilde Hennekinne, Mélanie Kah, Pierre-Louis Laugerias, Marie-Hélène Lentini, Marie-Aline Thomassin, Patrick Zard Scénographie : Georges Vauraz Création lumières : Denis Koransky Costumes : Christine Villers Création musicale : Mehdi Bourayou
Comment trouver sa voie ?
La pièce de Joseph Gallet et Élodie Wallace aborde plusieurs questions philosophiques de façon inattendue. Les changements de points de vue apportent beaucoup à la pièce.
Tel le narrateur dans Tom Jones de Henry Fielding, Ariane, l’héroïne, commente ce qui se passe sous ses yeux : les autres personnages ne la voient pas, on assiste avec elle aux interactions entre les différents membres de sa famille tandis qu’ils sont empêtrés dans un quotidien où les rêves paraissent absents.
Mélanie Kah, alias Ariane, impressionne par sa présence, son sens du rythme, son jeu corporel. Non contente d’être extrêmement juste, elle incarne avec brio des personnages hauts en couleurs. C’est peu dire qu’on n’est pas déçu du voyage. Les situations plus improbables les unes que les autres suscitent le rire. On ne décroche jamais.
Ariane a décidé de quitter ses parents, trop normaux à son goût, pour accomplir une quête en traversant différentes contrées, laissant ses parents et son frère à leur quotidien un peu terne jusqu’au jour où la perspective de toucher un héritage va bouleverser leur vie et les conduire à se lancer à la recherche d’Ariane…
La mise en scène d’Anne Bouvier est exemplaire : elle a soigné chaque détail. La scénographie élaborée de Georges Vauraz séduit. Quant au décor, il évoque plus qu’il ne représente et sert les effets comiques tant il est utilisé de façon ingénieuse.
Le couple formé par les parents d’Ariane, interprété par Patrick Zard et Marie-Aline Thomassin, ne cesse de se chamailler, chacun opposant à l’autre sa vision des choses avec un aplomb déroutant. On rit des travers de ces Français moyens, tout comme de la relation particulière qu’entretient le fils avec ses auteurs.
Ce fils, qui semble sûr de lui et prêt à prodiguer toutes sortes de conseils au premier venu, est incarné de façon remarquable par Pierre-Louis Laugérias. Le comique de répétition fonctionne à plein.
La scène d’exposition ravit. La pièce est habilement conçue. Les ressorts comiques sont bien exploités.
L’appât du gain est l’occasion pour les personnages de se poser des questions existentielles et de remettre en cause leurs certitudes.
Le périple de la famille à la poursuite d’Ariane est dépaysant et permet au spectateur de s’interroger sur sa propre existence.
La scène où Patrick Zard plane est une scène d’anthologie. Marie-Aline Thomassin est irrésistible en acheteuse compulsive. Il y a une belle énergie et un sens du comique indéniable ; Pierre-Louis Laugérias apportant lui aussi sa contribution, en garçon bourru imbu de sa personne.
On savoure cette comédie sans modération aucune. Les rebondissements sont au rendez-vous et on est heureux d’avoir assisté à une représentation d’un si haut niveau.
En définitive, un spectacle exceptionnel avec des comédiens exceptionnels. À ne pas manquer.
À noter qu’il y a deux distributions en alternance.
David Season, Les Chroniques d’Alceste
Publié le 30 octobre 2025.
Au Théâtre des Gémeaux Parisiens du mercredi au dimanche.