Les Folies Gruss Comédie musicale équestre et saltimbanque

 La question de ce qu’ont transmis Alexis Gruss, Gipsy Gruss, Stephan Gruss aux autres membres de la tribu Gruss est au centre d’une comédie musicale enlevée.

 Les musiques séduisent tout comme les paroles, ce qui est assez rare dans les comédies musicales actuelles. Mené tambour battant, ce show donne le sourire au spectateur. 

 Un véritable orchestre joue de belles mélodies en direct, ce qui confère un charme certain au show. Même si certains mots ne me sont pas parvenus, j’ai quand même saisi le sens tant les interprètes étaient investis.

 La chanteuse Margot Soria envoûte l’auditoire grâce à son timbre si particulier et à son interprétation sensible. Sa présence, son charisme contribuent à la réussite du spectacle.

 Stephan Gruss, qui a supervisé ce show, nous fait découvrir comment le spectacle qui se déroule sous nos yeux a été conçu grâce à une mise en abyme du plus bel effet, et des tableaux dont l’enchaînement coule de source. Si le cheval est mis à l’honneur, d’autres numéros apportent un aperçu du savoir-faire incontestable de la famille Gruss, qui nous offre un spectacle musical époustouflant.

 On sent une maîtrise, une exigence, une passion chevillée au corps. On sourit, on acclame les artistes, qui insistent sur le goût de l’effort, indispensable pour offrir une prestation qui fasse rêver. On les voit en train de répéter sans relâche afin de toucher au but qu’ils se sont fixés.

 Dans une société de l’immédiateté, il est salutaire de rappeler qu’on n’arrive à rien sans effort, sans travail. La phrase de Nicolas Boileau sur l’écriture vaut pour tous les arts : 《 Hâtez-vous lentement et sans perdre courage / Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage : /  Polissez-le sans cesse et le repolissez ; / Ajoutez quelquefois et souvent effacez. 》

 On a l’impression d’un rêve éveillé tant l’univers proposé a été pensé, travaillé par des artistes à l’imagination fertile.

 Les numéros équestres épatent : l’archer Stephan Gruss a une belle présence et ses acrobaties debout sur sa monture au galop sidérent l’auditoire.

Les cinquante chevaux du cirque paradent avec majesté sous le regard émerveillé des spectateurs, la scénographie est exceptionnelle, Maud Gruss a fait un travail admirable.

 On est époustouflé par la poésie, la magie, l’onirisme, que transmet la famille Gruss. Ce n’est pas un hommage au patriarche disparu, Alexis Gruss, c’est une célébration de ce qu’il a laissé en héritage : une tradition merveilleuse où les petits comme les grands profitent d’un moment ineffable. Je souhaite à chacun de vivre cette expérience mémorable.

Différents climats permettent au spectateur d’être en alerte ou bien de se laisser bercer. La mise en scène nerveuse nous captive, les lumières sont formidables, les animaux fascinent…

 Aucun temps mort. Un travail épatant. Chaque tableau apporte à l’ensemble. On se laisse griser par la musique, la danse, les acrobaties incroyables.

 On se délecte de l’univers délicat, singulier, qui nous est proposé. Les tableaux sont d’un niveau homogène, ce qui fait que les spectateurs éprouvent un plaisir sans mélange. Les figures aériennes sont à couper le souffle.

 La chanson Mes petits amours, entonnée par la benjamine, touche le public au cœur. La tendresse est présente de bout en bout.

 Ce show féerique, chic et choc, porteur de belles valeurs, la transmission, le travail, la fraternité… emporte l’adhésion et suscite la joie de vivre. C’est le spectacle familial par excellence, un spectacle qui vient du fond du cœur.

 Transformer un spectacle de cirque en comédie musicale relevait de la gageure. Stephan Gruss et toute sa famille l’ont fait. Et avec quel panache !

 Les artistes ont eu droit à des applaudissements chaleureux et à une ovation debout d’une partie du public, une récompense méritée.

 En définitive, la famille Gruss transmet du bonheur au public grâce à un spectacle qui éblouit, élève et fait rêver le spectateur. On n’a pas envie de quitter son siège tant la magie a opéré.

David Season, Les Chroniques d’Alceste.