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Nos seins de Françoise Lorente

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     Un tour de force.

     Françoise Lorente donne à voir un spectacle dynamique où la lutte est mise en avant plus que la souffrance. Sa performance de comédienne, d’auteur, de metteur en scène force l’admiration.

     On est saisi par la présence exceptionnelle de l’artiste, son sens aigu du rythme, des ruptures. On reçoit le récit d’une combattante contre le cancer avec une empathie qui va croissant. Ses blessures deviennent les nôtres et on reçoit l’indélicatesse de certains membres du corps médical comme un coup en plein cœur.

     Cependant, c’est la vie qui l’emporte grâce au soutien indéfectible de sa mère et de sa « belle ».

    L’artiste est émouvante certes, mais elle est aussi drôle et, malgré les situations dramatiques qu’elle traverse, on se surprend à rire de temps à autre, comme lorsque sa mère veut la fixer en visio à la manière de Kaa mais qu’elle est hors du cadre.

     Tout est si bien amené qu’on est sans cesse captivé. L’évocation du martyre de Sainte Agathe de Catane est instructif et sert le propos de Françoise Lorente. Cette figure lui permet d’évoquer la perte d’identité, elle dont on coupa les seins parce qu’elle refusait de se donner car elle avait épousé Dieu.

     L’auteur a beaucoup d’esprit. Sa finesse d’analyse impressionne. La qualité d’écoute de l’auditoire en témoigne.

     Le travail sur la lumière plonge le spectateur dans différents aspects de la vie de la comédienne: sa vie au travail, en couple, à l’hôpital, face à elle-même.

     Les figures d’aïkido qu’elle exécute contribuent à la puissance de son discours et du discours des autres personnes atteintes d’un cancer du sein, dont elle nous donne à entendre la voix.

     Ces témoignages nous bouleversent tant on imagine la détresse de ces femmes.

     Le recul de Françoise Lorente lui permet de relativiser, de tourner en dérision des comportements coupables de personnes qui ne savent pas se mettre à la portée de femmes obligées de suivre une thérapie de choc pour survivre.

     Une femme sur huit aura un cancer du sein dans sa vie : Françoise Lorente leur rend hommage de la plus belle des manières grâce à un travail documenté et ô combien émouvant !

     J’étais tellement sensible à l’incarnation de la comédienne qu’à la fin, j’avais du mal à soutenir son regard.

     Après avoir été dépossédée de sa féminité, mutilée dans son être, la comédienne se reconstruit et délivre un message d’espoir puissant tout en alertant sur les douleurs extrêmes qu’endurent toutes les femmes atteintes ainsi dans leur chair.

     On éprouve un profond respect et une profonde estime pour l’artiste.

     C’est à la fois une leçon de vie et une leçon de théâtre.

    Publié le 17 octobre 2024.

    Au théâtre de la Reine Blanche jusqu’au 16 novembre.

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