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Hélène après la chute

Photo : Catherine Schaub Abkarian
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La compagnie des 5 Roues.

 Une merveille !

 On revit les grands épisodes de la guerre de Troie à travers la confrontation d’Hélène et de Ménélas, incarnés avec brio par Aurore Frémont et Brontis Jodorowsky. Hélène vient d’être reprise par Ménélas au terme de dix ans de combats. Les rancœurs, les regrets, la fatalité sont exprimés dans une langue d’une poésie sublime. Le duo se répond tandis que l’on entend le piano, au diapason des émotions des protagonistes.

 Macha Gharabian cesse parfois de jouer de son instrument, comme pour souligner les silences éloquents de Ménélas, qui l’encourage pourtant à continuer à faire entendre les notes comme lui reprend le fil de sa pensée.

Un des aspects de la tragédie – on ne continue à parler que parce que l’autre ne vous répond pas – est ici mis en relief.

 Hélène et Ménélas semblent d’ailleurs être devenus de parfaits étrangers. L’incommunicabilité, l’absence de compréhension de l’autre, se ressentent car chacun défend son droit. Ce sont deux droits qui s’affrontent.

 Les personnages expriment des émotions extrêmes car ce qu’ils ont vécu est hors norme. Les morts, les prisonniers hantent plus Hélène que Ménélas, qui, lui, s’en remet à la loi de ses pères et ne veut pas se laisser fléchir par Hélène quant à un sursis éventuel des captifs troyens. La cruauté des Atrides est alors évoquée sans détour par la captive de Ménélas. Aurore Frémont exprime avec force son dégoût face à Brontis Jodorowsky, qui donne à voir un Ménélas qui n’est pas si inébranlable qu’on pourrait le croire.

Celui-ci s’attire le courroux d’Hélène, ce qui le désespère. Brontis Jodorowsky exprime son désespoir par des rires qui suggèrent que la situation est inextricable, la tragédie est poussée à son comble.

 Aurore Frémont ne perd jamais de sa superbe et reste digne même lorsqu’elle évoque les accusations mettant en cause sa vertu et proférés par le clan de Ménélas.

 Les deux personnages luttent, refusant de se résoudre à la situation présente. C’est cette lutte qui est belle et qui est dite avec tant de délicatesse par les interprètes des mots de Simon Abkarian.

 Tout sonne juste. On se sent privilégié d’assister à une représentation d’un tel niveau.

Publié le 14 octobre 2024.

Au théâtre de l’Epée de Bois jusqu’au 3 novembre.

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