
Compagnie Choublawa’s Pont
- Auteur : Frédéric Sabrou
- Mise en scène : Frédéric Sabrou
- Avec : Pascal Ruiz, Jean Grimaud et Isabelle Hétier
- Musique : Frédéric Sabrou
L’herbe est-elle toujours plus verte ailleurs ?
Vincent, la soixantaine, est convaincu que son bonheur réside dans sa vie amoureuse avec deux êtres : Betty et Grégoire, jusqu’au jour où il tombe sous le charme d’un jeune homme.
La pièce de Frédéric Sabrou pose la question de la lassitude dans le couple en général et le 《trouple》 en particulier. Si le quotidien rebute, l’aventure est-elle une solution ?
Les dialogues sont savoureux et les surprises sont au rendez-vous. Les spectateurs sont tenus en haleine du début à la fin. Les comédiens donnent le meilleur d’eux-mêmes et ravissent l’auditoire. Pascal Ruiz, dont les mimiques sont désopilantes, est extraordinaire. Isabelle Hétier est habitée et a une belle présence. Jean Grimaud, dans le rôle de Vincent, est très convaincant.
La scénographie de Frédéric Sabrou est d’une sobriété exemplaire. L’imaginaire du spectateur est sollicité à chaque instant et ça fonctionne. On voyage avec les personnages. Chaque lieu est suggéré grâce aux lumières, au décor minimaliste et au jeu des acteurs.
L’opposition des tempéraments de Grégoire, parfait en dandy, et de Betty, magnifique en femme pleine de ressources, réjouit les spectateurs. Ces personnages marginaux hauts en couleurs forment un duo de choc. Leurs répliques font mouche. Arriveront-ils à créer une prise de conscience chez Vincent ?
On rit du début à la fin. L’intrigue est bien construite et suscite sans cesse l’intérêt. Les bons mots fusent. Frédéric Sabrou a beaucoup d’esprit et on est heureux d’entendre un texte d’un si haut niveau. L’interprétation sans faille des comédiens est pour beaucoup dans la réussite éclatante de cette comédie douce amère où le propos est plus profond qu’il n’y paraît.
La satire de notre société est féroce et chacun en prend pour son grade. Frédéric Sabrou n’épargne pas ses personnages mais sa tendresse pour eux est manifeste. Il ne les juge pas et laisse au spectateur la liberté d’analyser les situations comme bon lui semble. L’angoisse de l’avenir, l’importance des choix, sont autant de thèmes traités avec finesse.
Le moment où Pascal Ruiz prend à témoin les spectateurs est un morceau de bravoure.
Il s’agit d’une des comédies les plus inventives qu’il m’ait été donnée de voir. Il serait dommage de vous en priver.
Publié le 9 mai 2025
Au Théâtre de l’Essaïon, les mercredis et jeudis, à 19h00